Lorsqu’un arbre se couche dans le lit d’une rivière
Des poissons argentés le couvrent de baisers
Ils consolent ce dieu grand seigneur des nuées
L’invite à faire son deuil et partir croisière

Le corps tout renversé par une brise assassine
Il se fera guépard ou bien cheval de mer
Sa peau disparaîtra loin de sa prime terre
Pour cette seconde vie sans sève ni racines

Ballotté par les flots et poli par les pierres
À présent il dérive dans les bras du courant
Une force le dirige vers des sables mouvants
Là où les eaux charrient leurs rapines coutumières

Tel un lion sans couronne perdu dans ses pensées
Le front grêlé de perles et de traces singulières
Quand affleurent çà et là des éclats de lumière
Il repense à la chute de son corps élancé

Et si un océan le berce comme un enfant
Il se laisse emporter plus loin que la jetée
Les vagues le caressent il se prend à penser
Qu’aux jours de plein soleil il est éblouissant

Des pieds jusqu’à la tête il baigne dans la source
Où toute vie se tourne vers son point d’origine
Sur ce tronc alangui blanc comme l’opaline
Je suis venu m’asseoir juste au bout de sa course.

Le chapeauT – 2023 – série D’une autre planète